WASHINGTON (Reuters) - Les discussions de renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) qui s'ouvrent mercredi entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique s'annoncent ardues, Donald Trump souhaitant que le nouveau traité mette en oeuvre sa politique de l'"America First".
Le président américain, qui a mis le commerce et la relance du secteur manufacturier au centre de sa campagne présidentielle en 2016, accuse l'Aléna d'être responsable de la fermeture des usines américaines et de la délocalisation des emplois au Mexique où les salaires sont plus bas.
Peu après son entrée en fonction le 20 janvier dernier, Trump a retiré les Etats-Unis d'un vaste projet d'accord commercial, le Partenariat transpacifique (TPP) et a fait savoir qu'il voulait renégocier le traité de l'Aléna.
Les discussions de cette semaine se tiennent à Washington et sont dirigées par le représentant au Commerce américain Robert Lighthizer, la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland et le ministre mexicain de l'Economie, Ildefonso Guajardo.
Le programme de la première série de réunions, qui devrait se terminer dimanche, sera essentiellement administratif. Les parties essaieront de fusionner les textes proposés par chacune des trois parties, apprend-on de source américaine autorisée.
L'Aléna, que le président qualifie régulièrement de catastrophe, a permis au commerce entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique de quadrupler depuis son entrée en vigueur en 1994. Les échanges totalisent plus de 1.000 milliards de dollars (850 milliards d'euros), selon les chiffres de 2015.
Derek Burney, ancien ambassadeur du Canada à Washington qui a participé aux premières négociations sur l'Aléna, explique que dans les dernières discussions, il y avait la volonté politique de toutes les parties de parvenir à un accord. Ce n'est pas le cas aujourd'hui, estime-t-il.
"La question (...) est : qu'acceptera Trump comme étant un succès dans ces négociations ?", commente Derek Burney.
Pour Robert Holleyman, qui fut présentant adjoint au Commerce dans le gouvernement Obama, pour que les négociations réussissent, il faudra que les changements du traité correspondent à l'objectif de Donald Trump de réduire le déficit commercial des Etats-Unis avec le Mexique, qui atteint 64 milliards de dollars.
"Nous savons qu'il veut faire des changements à l'Aléna. Est-ce ces changements déboucheront sur quelque chose qui réduira vraiment le déficit commercial avec le Mexique ? Rien ne permet de le dire pour l'instant", déclare Holleyman.
Les Etats-Unis veulent aussi renforcer la réglementation de l'origine des marchandises qui circulent au sein de l'Aléna qui précise quel pourcentage d'un produit doit provenir d'un pays de l'Aléna.
Autre pierre d'achoppement : la question du "Chapitre 19" qui prévoit l'utilisation de commissions binationales pour régler les contentieux relatifs au dumping et aux subventions. L'administration Trump veut les supprimer parce que leurs décisions sont souvent défavorables aux Etats-Unis.
Chrystia Freeland a laissé entendre lundi que le Canada sortirait des discussions si les Etats-Unis persistaient à vouloir supprimer ce mécanisme.
Le Mexique a fait savoir qu'il souhaitait que les biens et aux services circulent librement, une plus grande intégration du marché du travail et un renforcement de la sécurité énergétique.