Le gouverneur de la banque centrale norvégienne, Oeystein Olsen, avait annoncé, en février dernier, lors de la présentation publique du dernier rapport annuel du Fonds, que «la Norvège pourrait devoir, en 2016, puiser pour la première fois dans ses réserves financières». En effet, l’enjeu pour la Norvège se veut de taille étant donné les nombreuses perturbations exogènes auxquelles son Fonds doit faire face pour maintenir son rôle d’épargnant pour les générations futures.
Quelles préceptes derrière ce plus gros fonds souverain du monde ?
Afin de faire face à l’épuisement inévitablement attendu des gisements, la Norvège a créé le plus gros fonds souverain, à hauteur de plus 315 milliards d’actifs pour un produit intérieur brut de 295 milliards de dollars, dans les années 1990. D’où sa volonté de dynamiser la gestion de son fonds souverain. Il est à noter que ce fonds est alimenté principalement par les excédents de réserve de change générés par l’exploitation du pétrole. Selon la dernière note de l’Institut de la gestion publique et du développement économique, même si la Norvège est encore aujourd’hui le 17ème producteur mondial de pétrole et le premier au niveau européen, le pays nordique produit aujourd’hui 70% de moins qu’en 2001. Cette chute de la production engendre naturellement une baisse des recettes pétrolières, qui pousse la Norvège à devoir agir doublement pour que les investissements réalisés soient les plus performants possible. De plus et par-dessus tout, cela doit se conjuguer au respect inégalable des règles de gestion et d’éthique préalablement fixées.
Un fonds limpide et transparent
A la différence d'autres fonds souverains plus opaques, les règles de retrait et de versement d'argent sont parfaitement transparentes et connues de tous. Il est destiné à garantir les dépenses futures de l'Etat-providence, système généreux de protection sociale propre au pays. D’ailleurs, selon le Linaburg-Maduell Transparency Index, le fonds souverain norvégien serait souvent cité comme la référence mondiale en matière de transparence. Il serait alors suiveur d’une logique d’investissement responsable.
Mais le scandale Volkswagen et la récente débâcle boursière en Chine ont impacté le fonds…
D’abord, le scandale Volkswagen concernant les moteurs truqués aura occasionné une perte de 4,9 milliards de couronnes pour le fonds, qui détenait 1,2% du constructeur allemand fin septembre, a informé le directeur général adjoint du fonds, Trond Grande.
Ensuite, Yngve Slyngstad, le directeur exécutif du fonds, avait annoncé que le fonds norvégien, doté de 830 milliards de dollars, a enregistré ses premières pertes en trois ans au deuxième trimestre de 2015 en raison de la chute des marchés boursiers chinois, sachant que le fonds, alimenté par les recettes pétrolières de la Chine, a accusé un rendement négatif de 5% en un mois. Cela a pesé lourd sur le fonds de pension public, qui a dégagé un rendement néfatif de 4,9% au troisième trimestre. Ce qui s’est traduit par une perte de 273 milliards de couronnes soit 29,1 milliards de d’euros de juillet à septembre, ce qui a constitué la troisième plus grosse perte de ses 20 ans d’existence environ, selon la banque centrale norvégienne, chargée de sa gestion.
Et la chute du pétrole alors ?
« Les effets sur l’économie norvégienne de la chute des cours du pétrole et de la baisse des investissements pétroliers se font progressivement ressentir », constate dans un communiqué la Norges Bank. C’est pourquoi, afin de contrer l’incidence sur l’économie nationale de la faiblesse des cours du brut, en dessous des 40 dollars le baril, la banque centrale norvégienne a décidé de laisser son taux directeur inchangé à 0,75%, niveau historiquement bas, suite à sa réunion d’aujourd’hui.
Le fait est que même le chômage a remarquablement augmenté (4,6% en novembre) en conséquence de l’effet de recul du prix des hydrocarbures, sachant que ce secteur représente plus de 20% de la richesse nationale, ce qui est considérable.
Pour finir, le gouvernement norvégien ne s’endort jamais, étant prêt à tout pour relever les temps de crise. A titre illustratif, Erna Solberg, Premier ministre de la Norvège, avait déjà annoncé, en août dernier, qu’elle serait prête à puiser dans le capital du fonds souverain norvégien si besoin, ce qu’aucun gouvernement n’a encore osé faire.