Vendredi 15 Janvier 2016

Exposition: "Monnaie, prix et salaires au Maroc: De léantiquité à léinstauration du protectorat"

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Le Musée de Bank Al Maghrib organise, du 15 janvier au 31 mars 2016 à Rabat, une exposition sous le thème "Monnaie, prix et salaires au Maroc: De l'antiquité à l'instauration du protectorat (118 av.J.C. à 1912)".

Initiée pour familiariser le public avec quelques concepts qui relèvent de la numismatique, cette exposition vise également à lui donner des repères utiles à la compréhension des enjeux socio-politico-économique qui ont marqué l'histoire du Maroc de l'Antiquité à l'avènement du Protectorat.

"Cette exposition couvre une période s'étalant sur 12 siècles", a indiqué le directeur du Musée de Bank Al Maghrib, Abdellatif Chaâbane, dans une allocution de circonstance précisant qu'elle "met en parallèle, pour la première fois, l'histoire monétique de notre pays et l'évolution des prix des denrées alimentaires, des services et des salaires moyens". 

"Le visiteur va appréhender d'une manière subtile et pédagogique la notion du pouvoir d'achat, une notion qui est aujourd'hui dans un contexte de crise mondiale est plus que d'actualité", a-t-il ajouté.


Suivant une chronologie historique, cette exposition permet aux visiteurs d'avoir une idée sur l'histoire de la frappe et de l'émission monétaire au Royaume et sur le pouvoir d'achat dont les fluctuations sont indissociables de la solidité du pouvoir en place.

 

Une histoire qui démarre 200 ans av. J.C

Ainsi, les plus anciennes monnaies connues en Maurétanie, ancien territoire joignant le Maroc et l'Algérie actuelle, remontent au règne du roi Bocchus 1er (118-80 av. J.C.).

Frappées en bronze, au système pondéral phénicien, ces monnaies servaient à l'usage au quotidien aux nécessités de guerre contre les romains et comme moyen de propagande royale.Durant le règne de la dynastie des Bochii, le pouvoir d'achat en Maurétanie variait en fonction de la stabilité politique du pays, des moments de paix et de guerre.

 

La colonisation romaine de la Maurétanie tingitane (le quart nord-ouest du Maroc actuel) a débuté en l'an 40 sous le règne de l'empereur Claude et s'est perpétuée jusqu'en 285 pour la partie sise au sud de l'Oued Loukkos, et au Vème siècle pour la zone située au nord de ce fleuve.

Le marché monétaire de la Maurétanie sera ainsi exclusivement alimenté par Rome et par ses ateliers auxiliaires.

 

Le Dirham d'argent apparaît dès 172 de l'Hégire

Avec l'avènement des Idrissides, le dirham d'argent fit son apparition dès 172 de l'Hégire. Pour qu'il soit accepté dans les circuits commerciaux, Idriss Ier a frappé le dirhams à l'image de celui des Abbassides.

Concernant le pouvoir d'achat sous les Idrissides, l'auteur de l'ouvrage "Rawd al Qirtas", Ibn Abi Za'r, décrit une prospérité économique et une aisance financière de la ville de Fès, alors capitale des Idrissides. 

Ayant succédé aux Idrissides, les Almoravides qui ont pu s'emparer du riche royaume aurifère de Ghana, ont maitrisé les flux d'or et contrôler ses zones de production et ses voies d'acheminement du Ghana jusqu'en Méditerranée.

La monnaie almoravide à l'image de la puissance économique et politique de cet empire va dominer tout le bassin méditerranéen.

A l'arrivée des Almohades au pouvoir, au milieu du 12ème siècle, une crise monétaire va se déclencher à partir du règne d'An-Nasir (595-619) et perdurer. Elle fut manifestée par la pénurie du métal or, la cessation d'activité de nombreux ateliers de frappe de monnaie ainsi que l'épuisement des ressources de l'Etat face à la mobilisation militaire au Maroc, en Ifriqiya et en Andalousie. Un numéraire appauvri fut le reflet de cette situation.

A son avènement, la dynastie Mérinides n'a pas frappé de monnaie faute de ressources en or lors des guerres contre les Almohades. La situation a perduré jusqu'à l'arrivée au pouvoir du Calife Abu Yusuf Ya'qub qui instaura un système monétaire d'or et d'argent. Par la suite, la frappe monétaire s'est intensifiée au nord comme au sud du pays et aussi en Ifriqiya.

La comparaison d'Ibn Battouta dans ses chroniques, entre les prix des denrées et viandes en Egypte et au Maroc, montre bien le pouvoir d'achat élevé de la monnaie mérinide par rapport à celle de l'Egypte. Les salaires aussi au temps des mérinides, même à écarts importants, suffisaient à s'offrir un niveau de vie décent.

Les Chérifs Saâdiens qui ont succédé aux Wattassides, ont rétabli les routes de l'or et créé un nouveau monnayage en substitution du dirham wattasside de mauvaise qualité et au troc qui avait refait surface.

Le Sultan Mohamed as Shaykh créa en 1548 le dirhams d'argent carré et ses subdivisions. Le dinar en or fut émis en 1554.

A leur arrivée, les Alaouites furent confrontés à une situation économique fragile ce qui a amené le Sultan Moulay Ar-Rachid à abolir les impôts et à émettre en 1669 une nouvelle monnaie d'argent, faute de ressources en or.

Par la suite, le système monétaire va subir de grandes réformes du règne de Moulay Ismaïl à celui de Moulay El Hassan Ier.

Le pouvoir d'achat de la monnaie alaouite des 18 et 19ème siècle reste difficile à saisir en l'absence de données explicites dans les sources écrites nonobstant la récence de cette époque.

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