(Reuters) - Au moment où beaucoup de banques d'investissement évoquent une réduction de leur présence à Londres pour cause de Brexit, Deutsche Bank entend augmenter le nombre de ses banquiers privés basés à Londres, a déclaré à Reuters Peter Hinder, le directeur de ses activités de gestion de fortune pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique (EMEA).
Si la banque allemande emploie déjà plusieurs milliers de personnes à Londres dans la banque d'investissement, elle ne compte que dix banquiers "seniors" spécialisés dans la gestion de fortune en Grande-Bretagne, a-t-il expliqué, jugeant le marché britannique "sous-utilisé".
"Le Royaume-Uni, la région de Londres sont comme un aimant pour les fortunes", a-t-il dit.
Si l'incertitude sur l'accès futur à l'Union européenne des banques basées en Grande-Bretagne incite Deutsche Bank à renforcer sa présence à Francfort, ce facteur est moins important dans la gestion de fortune.
"Nous observons une augmentation des flux en provenance d'Asie, des clients chinois par exemple", a dit Peter Hinder. "Ils aiment Londres parce qu'ils parlent anglais, parce que c'est un système juridique anglo-saxon qu'ils connaissent déjà avec la région de Hong Kong, etc. Il y a beaucoup d'avantages qui ne disparaîtront pas avec le Brexit."
Selon le Boston Consulting Group, la Grande-Bretagne représente la quatrième concentration mondiale de foyers millionnaires, derrière les Etats-Unis, la Chine et le Japon.
La zone EMEA est, après l'Allemagne, le deuxième marché de Deutsche Bank dans la gestion de fortune par les actifs investis.
La banque prévoit de recruter une vingtaine de banquiers cette année en gestion de fortune dans la région, avec pour objectif à terme de relancer une activité dont les actifs investis ont diminué l'an dernier de 15 milliards d'euros, à 50 milliards.
Les nouveaux postes seront répartis entre la Grande-Bretagne, la Suisse, l'Italie et le Moyen-Orient, a expliqué Peter Hinder, sans préciser combien de recrutements étaient prévus à Londres.
Il a ajouté que Deutsche Bank avait regagné, dans la zone EMEA, plus de deux tiers des actifs qui avaient fui la banque l'an dernier alors que le nom de Deutsche Bank était régulièrement associé à des litiges lourds et coûteux.
"Les clients n'ont pas mis un terme à leur relation", a-t-il dit. "Ils nous ont dit: 'Ecoutez, je ne suis pas très en sécurité à cause de tous ces gros titres, je veux me diversifier'."