LONDRES, 3 octobre (Reuters) - Aston Martin souffre mercredi pour ses débuts en Bourse de Londres, une baisse qui semble refléter les doutes nourris par les investisseurs et les analystes au sujet de l'ambitieux programme de lancement de nouveaux modèles de la part du constructeur britannique de voitures de luxe.
Le titre recule de 4,9% à 18,09 livres vers 09h30 GMT, après avoir cédé jusqu'à 6,5% à 17,75 livres.
Aston Martin, qui a enregistré l'an dernier son premier bénéfice depuis 2010, avait fixé le prix de son IPO à 19 livres par action, lui donnant une valorisation de 4,33 milliards de livres (4,86 milliards d'euros).
Des investisseurs et des analystes ont exprimé leurs inquiétudes quant au respect du calendrier des lancements de nouveaux modèles. La marque préférée de James Bond prévoit de commercialiser une nouvelle voiture par an entre 2016 et 2022.
"Aston Martin a un plan de croissance très agressif. Son exécution doit être sans faute, personne ne brûle plus de trésorerie qu'un constructeur automobile lors d'un retournement de cycle. L'inquiétude, c'est ce que ce soit plus cyclique que ce qui a été dit", déclare James Congdon, directeur exécutif de Quest, un spécialiste des questions de trésorerie.
"Les banques ont fait du bon boulot pour leur client mais il n'y a pas d'élan", ajoute-t-il.
Aston Martin, qui a fait faillite à sept reprises dans son histoire, a réalisé en 2017 un bénéfice ajusté avant intérêts, taxes, dépréciations et amortissements de 206,5 millions de livres, contre 100,9 millions en 2016.
Valeur la plus comparable à Aston Martin, Ferrari s'est introduit en Bourse en 2015 et son action se traite à un ratio de 22,2 par rapport à son Ebitda, selon les données de Refinitiv.
Sur cette base et en tenant compte d'un endettement net de 538,8 millions de livres, le prix d'introduction du constructeur britannique paraissait assez élevé, avec un ratio de 23,6.
En fonction de la performance de son action, Aston Martin pourrait devenir le premier constructeur automobile depuis Jaguar à intégrer le FTSE 100, indice vedette de la Bourse de Londres.
Ses actionnaires, le fonds italien Investindustrial et un groupe d'investisseurs basés au Koweït, ont vendu un quart du capital existant dans le cadre de cette IPO.
Les débuts manqués d'Aston Martin à Londres illustrent la timidité du marché des IPO récemment en Europe.
Funding Circle, plate-forme britannique dédiée au financement des entreprises, a ainsi chuté de plus de 20% depuis son introduction en Bourse de Londres la semaine dernière.
(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten) Reuters