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Dans son rapport annuel 2023 sur les infrastructures des marchés financiers, les moyens de paiement, leur surveillance et l'inclusion financière, Bank Al-Maghrib met en lumière le concept de "santé financière", une notion novatrice qui attire l'attention des décideurs et des experts du secteur financier à l'échelle mondiale.
La notion de santé financière a récemment émergé comme une nouvelle grille d’analyse pour mesurer le bien-être économique des individus et des ménages. Ce concept, défini par des experts du groupe de travail sur la santé financière des Nations Unies (UNSGSA), transcende les traditionnels indicateurs économiques pour englober des aspects plus personnels, tels que la gestion des finances quotidiennes, la résilience face aux chocs économiques, la capacité à planifier à long terme et la confiance en son avenir financier.
En substance, la santé financière est l’aptitude d’une personne ou d’une famille à faire face à ses obligations financières sans difficulté, tout en gardant une vision optimiste de son futur. Mais ce qui semble évident sur le papier soulève de nombreuses questions sur la manière de le mesurer concrètement.
Si l’intérêt pour la santé financière croît à travers le monde, la mise en place d’une méthode de mesure universelle reste un chantier ouvert. Plusieurs enquêtes menées dans des dizaines de pays permettent déjà de dégager des tendances, mais l’élaboration d’indicateurs mondiaux standardisés est encore en cours. Bank Al-Maghrib, membre actif du groupe de travail sur les données de l’Inclusion Financière (FIDWG), contribue à cet effort en collaboration avec l’Alliance pour l’Inclusion Financière (AFI).
En 2022, une enquête auprès des pays membres de l’AFI a permis de collecter des données précieuses sur la connaissance et l’utilisation de ces indicateurs. Ces résultats serviront de base à l’élaboration d’un rapport spécial, qui sera partagé avec l’ensemble des membres pour affiner la mesure de la santé financière à l’échelle nationale.
Le rapport de Bank Al-Maghrib met en lumière l’importance de définir des critères clairs pour évaluer la santé financière. Parmi ces critères, on retrouve la gestion quotidienne des obligations financières, la résilience face aux imprévus, la capacité à réaliser des objectifs financiers à long terme, et enfin, la confiance dans ses propres finances.
À travers ces dimensions, le concept de santé financière dépasse la simple évaluation des revenus ou de l’épargne. Il inclut également des aspects psychologiques, tels que la perception de sécurité financière et la capacité à surmonter des crises économiques imprévues. En effet, le stress financier peut avoir des effets néfastes non seulement sur le bien-être économique, mais aussi sur la santé physique et la productivité des individus.
Bank Al-Maghrib, en tant que membre actif du réseau de l’Alliance pour l’Inclusion Financière (AFI), contribue aux travaux du sous-groupe « Financial Health » relevant du Groupe de Travail FIDWG, notamment sur la définition du cadre méthodologique de l’enquête et l’analyse des travaux de restitution des résultats. En se basant sur l’expérience de l’UNSGSA en termes de santé financière, une enquête auprès des pays membres a été menée par l’AFI en 2022 afin d’évaluer la connaissance et l’utilisation de la mesure de la santé financière.
Pour rendre ce concept plus tangible, le groupe de travail de l’UNSGSA a proposé une série de huit questions, réparties en quatre dimensions principales : finances quotidiennes, résilience, objectifs à long terme, et confiance.
Par exemple, une question essentielle concerne la capacité à faire face à des dépenses imprévues, telles que le paiement d’une somme équivalente à 1/20 du revenu national brut (RNB) par habitant en cas d’urgence. Un autre indicateur évalue la durée pendant laquelle une personne pourrait couvrir ses frais de subsistance sans emprunter, en cas de perte de revenu.
Ces indicateurs, aussi simples qu’ils puissent paraître, permettent de révéler des réalités souvent invisibles des finances des ménages. Ils ouvrent la voie à une nouvelle forme de compréhension des défis financiers auxquels sont confrontées les populations, tant dans les économies développées qu’en développement.
À travers ce travail, l’objectif est de fournir aux décideurs des outils concrets pour évaluer et améliorer la santé financière de leurs populations. La santé financière devient ainsi un indicateur clé, non seulement pour l’inclusion financière, mais aussi pour l’élaboration de politiques publiques plus globales.
Le stress financier, qui résulte d’une mauvaise santé financière, ne se limite pas aux ménages en difficulté. Il peut toucher n’importe qui, des classes moyennes aux populations les plus vulnérables. C’est pourquoi cette nouvelle boussole devient un enjeu crucial pour les gouvernements et les institutions financières qui souhaitent mettre en place des stratégies de résilience économique, adaptées aux besoins réels des citoyens.
En fin de compte, la santé financière ne se limite pas aux chiffres. Elle reflète le degré de sérénité avec lequel un individu appréhende son avenir, sa capacité à faire face aux aléas et son aptitude à bâtir un futur stable. Avec des indicateurs robustes et une méthodologie partagée, le concept pourrait bien devenir un outil indispensable dans la lutte pour une inclusion financière plus juste et plus universelle.