Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tehraoui, a annoncé la suspension des subventions à l’investissement destinées au secteur privé de la santé, estimant que celui-ci bénéficie déjà d’un soutien indirect à travers le système AMO Tadamon. Mais dans les faits, il n'existe pas de subventions directes aux cliniques privées.
Selon le ministre, les cliniques privées profiteraient d’un flux financier garanti, puisque leurs prestations sont en partie couvertes par les régimes de protection sociale, notamment pour les citoyens pris en charge par l’État. « Ce secteur n’a pas de problème de chiffre d’affaires, il n’est donc pas nécessaire de lui accorder des aides supplémentaires », a-t-il expliqué dans une déclaration à Hespress, pour clarifier ses propos tenus au Parlement.
Mais sur le terrain, cette affirmation interroge. Les bilans financiers consultés auprès de trois acteurs privés du secteur ne révèlent aucune trace de subventions publiques directes, ni à l’investissement ni à l’exploitation. Aucun mécanisme officiel d’aide directe à l’investissement n’a d’ailleurs été mis en œuvre au profit des cliniques ou établissements privés de santé. Ces derniers s’appuient exclusivement sur leurs propres ressources et sur le marché financier pour les plus transparents d’entre eux qui y ont accès.
La Charte de l’investissement prévoit certes des primes à l’investissement pour les entreprises éligibles, mais ce dispositif concerne l’ensemble des secteurs économiques, n'est pas spécifique à la santé et ne relève pas exclusivement du ministère de la Santé.
La mesure annoncée par le ministre apparaît donc davantage symbolique que réelle, puisqu’elle suspend des aides… qui n’existent pas dans les faits.
En revanche, le secteur public de la santé, lui, dépend à près de 80 % des subventions de l’État. C’est peut-être à ce niveau que l’effort d’optimisation et d’amélioration de la gestion financière demeure le plus urgent.