Lundi 17 Novembre 2025

Premiers pas en Bourse: Comment traverser ses premiers cycles sans paniquer

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La Bourse de Casablanca vit un nouvel âge d’or des introductions. Avec lui, une génération de primo-investisseurs découvre la réalité du marché : il ne monte pas toujours, il respire et baisse aussi. Comprendre les cycles et les émotions qui les accompagnent est la première leçon de longévité.

Depuis quelques années, les vagues d’introductions en Bourse ont attiré des milliers de nouveaux investisseurs particuliers. Pour beaucoup, la première expérience boursière s’est faite dans un contexte euphorique : des opérations sursouscrites, des montées en flèche dès les premiers jours de cotation, et un sentiment général d’opportunité.

Mais comme tout marché, la Bourse évolue par phases. Après la montée, vient la consolidation. Et c’est souvent là que se joue la différence entre un épargnant opportuniste et un investisseur averti. «L’expérience boursière ne se mesure pas à la taille des plus-values, mais à la capacité à traverser les corrections sans perdre sa discipline», résume un gérant d’OPCVM.

La première correction boursière est toujours un moment révélateur. Les investisseurs découvrent que les marchés n’évoluent pas en ligne droite. Un repli de 5 à 10%, après plusieurs mois de hausse, ne traduit pas un retournement mais une phase de réajustement naturel, où les prix se réalignent sur les fondamentaux.

Ce phénomène est sain. Il marque la transition d’un marché d’émotion à un marché de conviction. Il apprend la patience, la discipline et la gestion du risque…les vraies fondations d’un investisseur durable.

 

Ce que la mémoire du marché enseigne

La Bourse de Casablanca a déjà traversé des zones de turbulence autrement plus violentes (comme visible sur le graphique en bas) :

· 2007–2008, crise financière mondiale : gel du crédit, effondrement des volumes et contraction sévère des valorisations.

· 2011, printemps arabe : tensions régionales, incertitude politique et retrait temporaire des flux étrangers.

· 2018, boycott des grandes marques nationales : chute ciblée des valeurs de consommation et perte de confiance des ménages.

· 2020, crise sanitaire mondiale : confinement, arrêt brutal de l’activité, Masi en repli de plus de 20% en quelques séances.

· 2022, guerre en Ukraine : flambée des prix de l’énergie et des matières premières, inflation importée, resserrement monétaire global 

Ces épisodes, d’origine structurelle, exogène ou mondiale, ont provoqué de véritables phases de contraction économique et ont ouvert la voie à des bear markets marqués, à l’exception de 2018, dont l’impact était plus localisé et psychologique.

Rien de comparable aujourd’hui. Les entreprises cotées restent bénéficiaires, les taux stables, les flux institutionnels constants.

Par ailleurs, ce que rappelle la mémoire du marché, c’est que les corrections font partie du cycle boursier  et que la patience finit presque toujours par être récompensée. Les crises passent, les fondamentaux demeurent.

Pour beaucoup de primo-investisseurs, la période 2024-2025 a été une découverte : des IPO en série, des plus-values rapides, une dynamique de marché euphorique. L’idée qu’un marché puisse aussi corriger sans s’effondrer est nouvelle pour eux.

Ce moment de tension psychologique est donc fondateur, puiqu’il apprend la distance émotionnelle, réinstalle la discipline de gestion, et surtout rétablit la différence entre prix et valeur.

Un investisseur qui comprend que la Bourse respire (qu’elle monte, qu’elle corrige, qu’elle consolide) entre dans une phase de maturité. Ce n’est donc plus un spéculateur de cycle, c’est un acteur de long terme.

 

Des repères à garder en tête

1. Distinguer le bruit du signal

Les tensions sociales ou les rumeurs créent du bruit. Le signal, lui, reste dans les chiffres : croissance des bénéfices, stabilité macroéconomique, et solidité des bilans. Tant que ces paramètres ne se dégradent pas, la tendance de fond reste intacte.

 2. Penser en cycles, pas en séances

Les marchés montent en escaliers et corrigent par à-coups. Un repli de 5 à 10% après une hausse de 30% n’est pas une alerte mais plutôt une respiration. Les investisseurs aguerris observent la tendance sur 3 à 5 ans, pas sur 3 semaines.

3. Utiliser la volatilité, ne pas la subir

La correction est un moment où la valeur revient devant le prix. C’est l’occasion de renforcer progressivement les positions solides, à coût moyen lissé, tout en gardant un matelas de liquidité. Le marché récompense ceux qui préparent leurs décisions, pas ceux qui réagissent à chaud.

En gros, le marché marocain gagne en profondeur, les investisseurs en expérience. Les introductions ont élargi la base du marché ; les corrections, elles, en forment la maturité. Ce cycle marque moins une fin qu’un apprentissage collectif d’une Bourse qui se normalise.

(7/7)

 

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