Avec une demande de près de 49 milliards de dirhams pour 750 millions offerts, l’introduction en Bourse de Cash Plus s’impose comme l’une des opérations à plus fort succès de la place casablancaise. Sursouscrite 64 fois et soutenue par plus de 80.000 investisseurs, la fintech débute son parcours de cotation sous forte adhésion.
L’opération, combinant 2 millions d’actions nouvelles et 1,8 million d’actions cédées au prix fixe de 200 dirhams, valorise l’entreprise à 4,9 milliards de dirhams, ce qui la place d’emblée parmi les capitalisations significatives de la cote (34ème).
Les chiffres présentés par Ahmed Arharbi, directeur des opérations de marché à la Bourse de Casablanca, dévoilent un marché particulièrement réceptif. La tranche 1 a mobilisé près de 234 millions d’actions pour un taux de satisfaction inférieur à 1%, tandis que la tranche 2 a enregistré environ 10 millions d’actions demandées, avec un taux de satisfaction moyen de 14%. Le mécanisme d’itération a permis d’attribuer jusqu’à 19 actions pour les demandes les plus importantes, et les salariés ont été servis intégralement dans la limite du plafond, puis à un peu plus de 50%.
Cette dynamique a généré au total 244 millions d’actions demandées, symbolisant le retour en force des investisseurs individuels. Fait marquant : 50% des souscripteurs personnes physiques sont nouveaux sur le marché. Une donné qui confirme l’effet de renouvellement qu’ambitionnent les autorités depuis plusieurs années.
Après allocation, les personnes physiques ont reçu près de 70% des titres offerts pour constituer le cœur du flottant. Les souscriptions ont couvert l’ensemble des régions du Royaume, avec une prédominance de l’axe Casablanca–Rabat mais aussi une présence remarquée de régions comme Fès–Meknès. La médiane d’investissement, autour de 10.000 dirhams, restitue un profil d’épargnants actifs et structurés, majoritairement issus de la tranche 35–60 ans. L’opération s’est également distinguée par la diversité de ses acheteurs internationaux : 74 nationalités ont participé, avec une présence marquante d’investisseurs britanniques, américains et issus des îles Caïman, surtout côté institutionnels. Pour une fintech marocaine, ce niveau de rayonnement constitue un indicateur rare d’attractivité.
La Bourse réaffirme son rôle central dans le financement de l’économie
Lors de cette cérémonie, Brahim Benjelloun-Touimi a salué l’arrivée en cote d’une entreprise devenue un acteur central de l’inclusion financière. Selon lui, les chiffres record de l’opération témoignent autant de la confiance envers Cash Plus que de la maturité croissante de la place financière, désormais disposée à soutenir des modèles à fort impact.
Younes Benjelloun a replacé l’IPO dans une dynamique plus large : depuis 2018, les dix introductions réalisées ont levé environ 10 milliards de dirhams en fonds propres. Une séquence qui, selon lui, réfute l’idée d’une Bourse déconnectée de l’économie réelle, ces ressources ayant directement financé investissements, emploi et opérations de croissance externe.
Le PDG, Nabil Ammar, a rappelé l’ADN de proximité de l’entreprise et les étapes qui ont jalonné son ouverture progressive du capital. Aujourd’hui, Cash Plus revendique 2 millions de comptes actifs, un réseau de 5.000 agences et un flux annuel dépassant 10 millions de clients servis. La cotation doit permettre d’accélérer la digitalisation, d’équiper massivement les commerçants en solutions de paiement et de renforcer la modernisation du secteur.
Pour lui, cette entrée en Bourse marque «un cycle d’accélération» qui impose davantage de rigueur et de transparence, mais qui offre aussi les moyens d’aller «plus vite, plus loin, plus fort».
Avec son ticker CAP, Cash Plus rejoint le marché principal et devient un acteur structurant de son compartiment. L’opération illustre la capacité de la place à financer des entreprises innovantes, à attirer des primo-investisseurs et à mobiliser un intérêt international tangible.
Le véritable test, comme l’ont rappelé les intervenants, s’ouvrira désormais dans la durée, autour de la performance opérationnelle, de l’évolution du cours et de la capacité de Cash Plus à mobiliser de nouveaux fonds propres si sa stratégie l’exige.