Depuis deux semaines, Akdital, premier groupe privé de santé coté en Bourse, fait les frais d’un emballement médiatique mal fondé. Le titre a perdu plus de 20% de sa capitalisation depuis ses plus hauts, dans un climat de rumeurs et de spéculations déconnectées des réalités économiques de l’entreprise. Une correction brutale, d’autant plus incompréhensible qu’aucun indicateur fondamental ne justifie un tel décrochage.
Lors de la conférence One-on-One de CFG Bank à Marrakech, il y a une semaine, le management du groupe a voulu remettre les pendules à l’heure face aux investisseurs professionnels : tous les objectifs 2025 ont été confirmés, et le calendrier de déploiement national et international avance conformément au plan initial, avec de nouveaux montages financiers en cours pour accélérer la mise en œuvre.
Le plan stratégique 2030, que le groupe avait annoncé au marché en avril, provoquant une euphorie sur le titre, est lui aussi maintenu avec, selon le management, une forte visibilité sur sa capacité à atteindre ses objectifs et ce, sans recours au marché, afin de préserver les intérêts des actionnaires actuels.
Rumeurs et interprétations hâtives
Pourtant, sur le plan médiatique, la machine s’emballe autour du groupe, avec beaucoup d’approximations qui créent de l’anxiété chez les petits porteurs.
Un article de presse évoquant la fermeture d’une clinique Akdital à Rabat, par exemple, laissait entendre hier qu’elle était liée aux tensions récentes entre cliniques privées et autorités sanitaires. En réalité, cette fermeture datait de juin dernier, pour des raisons purement techniques. Les ajustements demandés par les autorités en cours de finalisation et l'ouverture est prévue «dans les prochains jours».
Mais dans un marché souvent dominé par la psychologie plus que par la raison, ce type de nouvelles mal interprétées a suffi à semer le doute. Les investisseurs particuliers, déjà sensibles à la moindre incertitude, ont déclenché une vague de ventes paniques amplifiée par les réseaux sociaux, selon le grand principe d’investissement (souvent douteux) selon lequel «il n’y a pas de fumée sans feu».
Des perspectives inchangées et un potentiel confirmé
Derrière le bruit, Akdital continue d’afficher une trajectoire de croissance exceptionnelle.
Selon un récent rapport de recherche de CFG Bank, le chiffre d’affaires consolidé du groupe devrait croître à un rythme moyen annuel (CAGR) de 24,5 % sur la période 2024-2030, pour atteindre 11 milliards de dirhams en 2030, soit un quadruplement des revenus.
Cette expansion repose sur trois axes majeurs :
CFG souligne d’ailleurs que l’accord de gestion de l’hôpital Abdul Rahman Al Mishari pourrait accélérer cette implantation hors du Maroc, renforçant encore la visibilité du groupe.
Sur le plan de la rentabilité, l’EBITDA devrait croître de 22,5 % par an en moyenne sur la période, atteignant 2,84 milliards de dirhams en 2030. La marge d’exploitation, légèrement inférieure à court terme (25,4 % au premier semestre 2025 contre 28,5 % en 2024), devrait se corriger en fin d'année grâce à la montée en puissance des nouvelles cliniques ouvertes durant le 2ème semestre 2024.
Le résultat net part du groupe suivra la même dynamique, progressant à un rythme moyen de 24,9 % pour atteindre 1,2 milliard de dirhams à horizon 2030.
Un potentiel de 45% en Bourse
Face à ces fondamentaux, CFG Bank maintient sa recommandation à l’achat, avec un objectif de cours de 1.698 dirhams, soit un potentiel de hausse de 45 % par rapport aux niveaux actuels (environ 1.170 dirhams).
Une fenêtre d’opportunité
À contre-courant des mouvements émotionnels, le repli actuel du titre pourrait bien représenter une fenêtre d’entrée rare pour les investisseurs de long terme, à condition, bien sûr, de distinguer la rumeur du réel.
Force est de constater que les épisodes de panique boursière rappellent à quel point la perception peut parfois l’emporter sur la raison. Dans le cas d’Akdital, les fondamentaux demeurent solides, la croissance intacte et les perspectives prometteuses.