Dès l’entame, le président de l’AMMC a rappelé la portée historique de cette réforme, qui actualise pour la première fois depuis 1993 le cadre des organismes de placement collectif. Il est revenu sur la trajectoire d’une industrie qui, en 32 ans, est passée d’un marché embryonnaire avec seulement 3 milliards de dirhams d’encours en 1996 à une force financière pesant aujourd’hui 800 milliards de dirhams d’actifs sous gestion. Le président a évoqué les étapes fondatrices : le lancement des premiers OPCVM en 1995 par cinq banques marocaines, l’apparition d’une première société de gestion indépendante en 1996, puis le dépassement en 2006 du seuil symbolique des 100 milliards de dirhams. Depuis, l’industrie ne cesse de battre des records et s’est affirmée comme un pilier discret mais essentiel du financement national.
Ce rôle décisif se reflète dans les chiffres. À fin septembre, les OPCVM détiennent 40 % de l’encours total des bons du Trésor. Sur la Bourse de Casablanca, leur poids est tout aussi déterminant : ils détiennent 43 % de la capitalisation flottante et génèrent 37 % des volumes échangés en 2024.
Le président a également souligné la nécessité de rééquilibrer la structure de l’épargne, alors que les investisseurs particuliers ne représentent encore que 8,2 % des actifs et moins de 25.000 souscripteurs. Pourtant, leur participation en Bourse a été multipliée par quatre ces dernières années, un mouvement que Tarik Senhaji qualifie de véritable point d’inflexion dans la mobilisation de l’épargne populaire. Il appelle les OPCVM de profiter de cette dynamique pour canaliser plus d'épargnants.
Il a insisté sur un principe cardinal : la confiance des épargnants. L’AMMC se dit déterminée à garantir un environnement transparent, équitable et sécurisé, à exiger des sociétés de gestion un renforcement de leurs ressources et à s’assurer que toutes les décisions d’investissement répondent exclusivement à l’intérêt des souscripteurs. La régulation, a-t-il prévenu, restera « proactive, juste et intransigeante ».
Tarik Senhaji a ensuite replacé cette réforme dans la dynamique d’investissement engagée depuis plus de 25 ans par le Royaume. Les infrastructures financières bâties au fil des années — dépositaires centraux, sociétés de gestion, systèmes de marché, cadre prudentiel — constituent aujourd’hui, selon lui, une véritable « ligne grande vitesse » capable d’amplifier la capacité de financement du pays. L’objectif est d’accompagner la transition énergétique, de renforcer le positionnement du Maroc comme hub financier africain, de saisir les opportunités de la digitalisation et des fintech, et d’élargir l’inclusion financière afin d’intégrer davantage la jeunesse et l’ensemble des territoires.
En conclusion, le président de l’AMMC a exhorté la profession à se projeter dans cette nouvelle phase : « Aujourd’hui est venu le temps où la gestion d’actifs doit prendre son plein essor et affirmer son rôle de véritable locomotive du financement stratégique et durable dans notre pays. »