Lundi 11 Mars 2019

Banques : L'âge d'or de l'Afrique subsaharienne est révolu

Analyse du Marché Boursier Marocain

Si dans les années à venir le secteur bancaire africain devrait continuer à offrir un potentiel important, la baisse de la rentabilité du business, couplée à une plus grande exigence des fonds propres devront limiter sa profitabilité. 

 

Sur le papier, le continent africain présente encore du potentiel : Les taux de pénétration restent très bas et les niveaux de rentabilité sont assez élevés.  La concurrence dans certains marchés demeure peu développée, surtout dans les pays d'implantation des banques marocaines, que les analystes de CDG Capital appellent PIBMA. Des autoroutes de croissance en théorie pour nos banques surtout que plusieurs groupes européens ont réduit leur exposition africaine, laissant à nos banques nationales une meilleure capacité d'expansion. En 2018, Les majors panafricaines du Royaume  sont présentes dans une vingtaine de pays africains avec une part de marché de 27,8% dans la région de l’UEMOA.

 

Jamais sans mes bons du trésor 

Les analystes de CDG Capital rapportent dans une étude récente sur le secteur bancaire que les banques des PIBMA se démarquent par rapport aux autres banques à l’échelle internationale, en surpassant significativement leurs pairs en termes de rentabilité. Ainsi, courant l’année 2017, les banques des PIBMA affichent la meilleure rentabilité financière dans l’industrie bancaire mondiale. Le ROE de ces banques s’établissait à 17,0%, bien avant l’Amérique Latine et le Moyen Orient & Afrique. Bémol : cette rentabilité est tirée par les activités de marché dont la part dans la contribution de la croissance du PNB ne cesse d’augmenter. Elle est passé de 31,9% sur la période 2007-2012 à 46,6% entre 2012-2017. "Les banques des PIBMA investissent une part croissante de leurs disponibilités dans les bons du trésor émis sur le marché régional. Ces titres représentent désormais 22,3% du total bilan en 2017 (Une situation qui nous rappelle le Maroc des années 90), soit 7,6 Mrds FCFA. Leur croissance annuelle est soutenue : 24,2% par an sur les dix dernières années", expliquent les analystes de CDG. Il faut dire que pour les banques, ces titres sont du du pain béni. Ils offrent un couple rendement-risque attractif et bénéficient du refinancement de la banque centrale à des conditions favorables. Leur taux de rémunération ressort à 6% en moyenne en 2017, soit un niveau comparable au coût moyen des crédits (6,8%). Par ailleurs, le risque de défaut des crédits destinés au secteur privé est de loin plus important que les bons du trésor. "Ainsi, il n’est guère surprenant que la part des ressources des banques dans les titres publics ne cesse d’augmenter".  Mais les décisions de la BCEAO concernant la limitation des refinancements des titres publics à 200% des fonds propres des banques emprunteuses, et la hausse du taux de prêt marginal de 1 point (il est passé de 3,5% à 4,5%) devraient impacter négativement les résultats provenant des opérations de marchés. D'ailleurs, les résultats de l’année 2017 reflètent la baisse de l’engouement pour les titres publics. En effet, le portefeuille des titres publics des banques PIBMA enregistrent seulement une croissance de 3,9% en 2017 contre un TCAM de 26,6% entre 2016-2011.  Dans ce sens, pour la première année depuis 2007, le poids du portefeuille titre enregistre une baisse de 0,7 points, passant de 23,0% en 2016 à 22,3% en 2017. C'est une mutation certaine à laquelle doivent faire face les banques dans la région, obligées de financer de plus en plus l'économie et les entreprises. 

 Pression sur les fonds propres

Outre la nécessité de s'adapter à un environnement atypique où le mobile money est devenu un élément important (plus de la moitié des transactions liées aux services du mobile money au monde sont situées dans cette région) où les créances en souffrance sont relativement élevées, les banques doivent aussi renforcer et calibrer leurs fonds propres. Car en cas de retournement de tendances, ce sont les banques les mieux capitalisées qui seront les mieux armées pour continuer leur activité et bénéficieront de la capacité future à créer de la valeur. Or, les analystes de CDG Capital font remarquer que la croissance des fonds propres est moins marquée dans la région, comparativement à celles des bilans. Le ratio FP/total actif a touché en 2016 son plus bas historique à 7,2% depuis 2007 contre 6,5% pour les filiales marocaines. Les banques marocaines ont pourtant injecté plus de 60 millions de dollars dans leurs filiales en 2017. Malgré cela, elles restent capitalisées comparativement à leurs pairs. "Il est certain que les banques marocaines devraient renforcer davantage leur fonds propres et se préparer le plus vite possible pour faire face aux nouvelles contraintes réglementaires et pour continuer à soutenir leur plan de développement", lit-on dans la note. 

Le secteur bancaire africain a certes affiché des indicateurs rassurants en termes de performance commerciale, de rentabilité et de développement de l’offre durant les dix dernières années. Mais la fragilité de la croissance économique et de la concentration des portefeuilles bancaires sur certains secteurs, les évènements récents – les nouvelles exigences réglementaires, le resserrement des conditions de refinancement de la BCEAO, et la montée en force des opérateurs télécoms dans les services bancaires – nous donnent de plus en plus de signaux d'alerte. 


Lire aussi : De nouvelles priorités pour les banques panafricaines 


 

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