Bien que le consensus des investisseurs financiers plaide pour une stabilité du taux directeur la semaine prochaine, des anticipations haussières sont de plus en plus visibles au niveau des réponses obtenues dans une enquête menée par Attijari Global Research (AGR).
En matière de politique monétaire, les raisonnements sont loin d’être binaires. Ceci est particulièrement vrai pour le Conseil de Bank Al-Maghrib du mois de juin où, bien que le consensus soit largement en faveur du maintien du taux de BAM à 1,5%, de plus en plus d’investisseurs qualifiés penchent pour un ajustement à la hausse. Cette dynamique de perception, mise en avant dans un sondage réalisé par Attijari Global Research, est tout aussi importante que la décision en elle-même.
Un consensus moins marqué
Au terme de ce sondage, le consensus des investisseurs financiers plaide pour une stabilité du taux directeur ( TD) de Bank Al-Maghrib. Plus en détails, 63% des investisseurs sondés anticipent un statu quo du taux directeur de BAM au terme de son prochain Conseil prévu le 21 juin 2022. Mais la conviction est beaucoup moins marquée : Ils étaient en effet 88% précédemment.
Un consensus biaisé ?
La part des institutionnels anticipant un statu quo du TD en juin 2022 ressort à 94%. Ce chiffre est important, certes. Mais ces derniers sont fortement exposés sur les taux et n’ont pas intérêt à subir une hausse rapide, comme l’écrit AGR dans un commentaire accompagnant la note. Dit autrement, les institutionnels espèrent et prévoient en même temps un maintien du taux directeur à 1,5%. On notera tout de même que 6% de ces investisseurs institutionnels anticipent une hausse contre 0% précédemment en décembre.
Les réponses des investisseurs étrangers sont beaucoup plus marquées. 83% d’entre eux anticipent une légère hausse du taux en juin, contre 0% en décembre dernier. Ce fort mouvement d’anticipation trouve son origine dans la tendance prise par les Banques centrales au niveau mondial. Bank Al-Maghrib restera-t-il en décalage plus longtemps ? D’autant plus que même la BCE voisine procèdera un premier relèvement en juillet ?
AGR sonde également des acteurs dits «de référence» qui ont suffisamment de recul sur le marché financier marocain leur permettant de retranscrire de manière relativement fidèle l’état d’esprit des investisseurs sans pour autant intervenir directement sur le marché. Dans cette catégorie, ils sont 43% à anticiper une hausse du taux directeur en juin, contre 0% en décembre dernier.
L’étau se resserre
Ce sondage, haut en finesse, met en exergue une vraie dynamique dans la perception des investisseurs. Il renforce également le sentiment qui circule chez certains opérateurs de marché, selon lequel si Bank Al-Maghrib opte pour le statu quo en juin, cela créera de fortes attentes pour la réunion de septembre et se traduira par une volatilité accrue sur le marché des capitaux cet été.