Un nouveau levier destiné à accélérer le financement des startups marocaines vient d’être officiellement lancé, vendredi à Rabat, à travers la signature d’une convention réunissant le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement (FM6I), la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) et Tamwilcom. Ce dispositif, conçu comme un catalyseur pour les fonds de capital-risque, marque une étape décisive dans la structuration de l’écosystème entrepreneurial national.
La ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, Amal El Fallah Seghrouchni, a souligné que la mise en place de ce fonds catalytique répond à un besoin clairement identifié : celui d’un marché dynamique mais encore insuffisamment financé au regard de son potentiel.
Elle a rappelé que le ministère consacre 400 millions de dirhams à ce mécanisme, destiné à couvrir les premières pertes ou à investir directement dans les fonds sélectionnés. « Cet outil offre une réduction réelle du risque et ouvre l’accès au capital à un plus grand nombre d’acteurs. Il permet aux investisseurs d’engager des montants significatifs dès les premières phases, et aux startups de franchir des paliers décisifs dans leurs trajectoires de croissance », a-t-elle expliqué.
La ministre a ajouté que ce dispositif s’inscrit dans l’ambition de positionner le Maroc comme un hub africain de l’innovation, en synergie avec des initiatives structurantes telles que le hub arabo-africain D4SD et les instituts Jazari, et en cohérence avec la stratégie Maroc Digital 2030, qui vise l’émergence de « dix gazelles et deux licornes marocaines ».
Un acte fondateur pour un marché du capital-risque plus profond et compétitif
Pour Nezha Hayat, directrice générale du FM6I, ce mécanisme constitue bien plus qu’un soutien ponctuel. Elle l’a décrit comme un « acte de structuration » qui jette les bases d’un marché plus robuste, capable d’attirer durablement les capitaux nationaux et étrangers.
Elle a mis en avant l’importance du mécanisme de couverture des premières pertes, conçu pour inciter les investisseurs à intervenir plus tôt dans les cycles d’investissement, et avec davantage de conviction : « En créant un amortisseur réel face au risque, nous encourageons les fonds, qu’ils soient marocains ou internationaux, à accompagner les startups dès les premiers stades et à les suivre plus loin dans leur développement ».
Une “architecture ouverte” pour massifier l’impact des investissements
Le directeur général de la CDG, Khalid Safir, a inscrit l’engagement de son institution dans une stratégie renouvelée basée sur une « architecture ouverte ». Celle-ci vise à mobiliser davantage de capitaux via des fonds gérés par des opérateurs privés, nationaux ou internationaux, afin d’élargir l’impact économique des investissements et de renforcer un écosystème marocain de capital-investissement aux standards mondiaux.
Il a salué la coordination exemplaire entre les institutions publiques impliquées, rappelant que la mise en place d’une tranche catalytique alignée sur les meilleures pratiques internationales constitue une avancée majeure pour l’attrait des fonds de Venture Capital opérant sur le marché marocain.
Tamwilcom en première ligne pour l’opérationnalisation du dispositif
Le directeur général de Tamwilcom, Said Jabrani, a exprimé sa reconnaissance pour la confiance accordée à son institution, chargée d’assurer l’opérationnalisation du mécanisme catalytique pour le compte du ministère. Il a rappelé que Tamwilcom mobilisera son expertise en matière de financement de l’innovation et de gestion du risque afin d’accompagner la montée en puissance de cet outil.
Les fonds d’amorçage et de capital-risque sélectionnés pourront bénéficier soit d’une couverture permettant aux investisseurs de réduire substantiellement leur exposition, soit d’un investissement direct conforme aux meilleures pratiques internationales du secteur.
Neuf sociétés de gestion présélectionnées et un potentiel d’investissement de 2,5 milliards de dirhams
Suite à l’appel à manifestation d’intérêt lancé par le FM6I, neuf sociétés de gestion ont été présélectionnées parmi 47 candidatures, preuve du fort engouement suscité par ce dispositif. Ces fonds couvrent un continuum d’investissement allant du Pre-Seed aux Séries A et plus, assurant une couverture complète des différentes phases de développement des startups.
Les premiers fonds présélectionnés ambitionnent d’investir près de 2,5 milliards de dirhams dans des startups marocaines, en incluant les contributions cumulées du ministère, de Tamwilcom, du FM6I, de la CDG et des investisseurs tiers mobilisés par les gestionnaires.
Leurs champs d’intervention couvrent des secteurs stratégiques tels que la fintech, l’agritech, la healthtech, l’edtech ou encore la climatetech, avec un ensemble de profils variés regroupant gestionnaires nationaux, internationaux et consortiums mixtes.