Jeudi 01 Novembre 2018

Les banques italiennes au révélateur des "stress tests" de l'UE

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LONDRES (Reuters) - Les banques italiennes risquent d’attirer à nouveau toute l’attention vendredi lors de la publication des résultats des derniers tests de résistance sur le secteur bancaire européen, qui pourraient contraindre les établissements les plus vulnérables à des augmentations de capital ou des cessions d’actifs.

Ce bilan de santé mené sur 48 banques de l’Union européenne, dont six françaises, sera rendu public à 17h00 GMT (18h00 en France) par l’Autorité bancaire européenne (ABE).

Il est présenté comme l’examen le plus strict effectué par l’ABE depuis l’instauration de cette procédure en 2009, destinée à identifier d’éventuels manques de fonds propres et à éviter de devoir mobiliser de l’argent public pour sauver des banques comme lors de la crise financière il y a 10 ans.

Les performances de Deutsche Bank seront aussi scrutées de près, la première banque d’Allemagne peinant à se redresser après trois pertes annuelles consécutives.

Ces “stress tests” visent à évaluer la capacité des banques à résister à des chocs tels qu’un Brexit désordonné, un mouvement de panique sur le marché de la dette souveraine ou une crise politique sur fond de recul de la croissance économique.

Les autorités de supervision s’appuieront sur ce vaste examen pour déterminer la taille des bilans ou les cessions d’actifs risqués nécessaires au cours de l’année à venir pour limiter les éventuels besoins de fonds propres.

QUELLE MARGE DE MANOEUVRE EN CAS DE SCÉNARIO EXTRÊME?

Même si l’ABE ne délivrera pas officiellement de certificat de réussite ou d’échec, les investisseurs seront attentifs à la marge que possède chaque banque par rapport aux exigences minimales de fonds propres “durs”, fixées à 5,5% dans le scénario le plus extrême.

Aucune banque ne devrait passer sous ce seuil de 5,5% mais celles qui s’en rapprocheront pourraient se retrouver sous la pression des marchés.

“Les résultats des tests de résistance pourraient amener des banques à augmenter leur capital”, écrit l’agence de notation DBRS dans une note publiée mercredi.

Trente-trois banques soumises à ces tests se trouvent dans la zone euro, où leur autorité de tutelle est la Banque centrale européenne (BCE).

L’italienne Monte dei Paschi avait été la moins performante lors des derniers tests en 2016 avant d’être secourue par l’Etat mais elle ne sera pas examinée par l’ABE cette fois, pas plus que les établissements des systèmes bancaires jugés les plus fragiles comme la Grèce et le Portugal.

La BCE mène ses propres tests sur 60 autres banques de plus petite taille, dont certaines connaissent des difficultés, mais elle ne publiera pas ses résultats.

COMPARAISON PEU FLATTEUSE AVEC LES BANQUES AMÉRICAINES

Les banques italiennes, qui peinent déjà à se délester de leurs créances douteuses, subissent une contrainte supplémentaire avec la baisse de valeur de leurs importantes réserves de dette souveraine italienne depuis l’arrivée au pouvoir en juin à Rome d’une coalition de deux partis remettant en cause les règles budgétaires européennes.

Parmi elles, Banco BPM pourrait être la plus exposée par ces tests en raison d’un matelas de fonds propres moins épais que celui de ses compatriotes, disent des analystes.

Les rendements des emprunts d’Etat italiens se sont récemment élevés à un niveau proche de celui retenu dans le scénario le plus extrême de l’ABE.

Concernant Deutsche Bank, Michael Hünseler, responsable de la gestion de portefeuilles de crédit chez Assenagon, pense que les résultats seront “assez similaires” à ceux de 2016 car la banque allemande a certes amélioré son ratio de fonds propres mais le scénario extrême des tests l’est encore plus qu’il y a deux ans.

Une nouveauté de ces tests est l’inclusion d’une nouvelle règle comptable dite IFRS 9 qui contraint les banques à effectuer des provisions bien plus tôt qu’auparavant pour les créances douteuses.

Cet examen se concentre sur les niveaux de fonds propres mais les banques européennes continuent de souffrir de la comparaison avec leurs homologues américaines en termes de rentabilité, de qualité de prêts et de maîtrise des coûts.

L’indice boursier du secteur bancaire européen a chuté de plus de 20% cette année alors que celui du secteur financier américain affiche un repli limité à environ 7%.

“Du point de vue des investisseurs, les résultats de ces tests n’apporteront pas de lumière supplémentaire sur un secteur qui a besoin de se transformer radicalement et de devenir bien plus rentable”, dit Fernando de la Mora, consultant chez Alvarez & Marsal.

 

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