Mercredi 31 Juillet 2019

L'économie de la zone euro à la peine, Draghi conforté

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PARIS/BERLIN (Reuters) - Les indicateurs économiques publiés mardi en France, en Allemagne et pour l’ensemble de la zone euro dressent un paysage particulièrement morose et renforcent la position des plus accommodants des responsables monétaires de la Banque centrale européenne, moins d’une semaine après la promesse de cette dernière de nouvelles mesures d’assouplissement en septembre.

La croissance de l’économie française a ralenti de manière inattendue au deuxième trimestre sous l’effet d’une consommation qui reste poussive et la confiance des ménages allemands s’est dégradée pour le troisième mois d’affilée en août, illustrant le ralentissement de la croissance de la zone euro dans son ensemble.

Les piètres indicateurs en provenance des deux principales économies du bloc confirment l’appréciation du président de la Banque centrale européenne selon laquelle les perspectives de croissance se détériorent, appelant de nouvelles mesures d’assouplissement.

S’ajoutant à ces signes d’affaiblissement de la conjoncture, l’inflation IPCH, qui permet les comparaisons intra-européennes, est tombée à 1,1% en Allemagne en juillet après +1,5% le mois précédent, selon une première estimation, elle aussi publiée mardi.

Elle ressort en dessous des attentes des économistes interrogés par Reuters qui étaient en moyenne de 1,3% et s’inscrit à un plus bas depuis novembre 2016.

L’inflation allemande s’établit aussi en dessous de l’objectif d’une hausse des prix proche inférieur à mais proche de 2% de la BCE pour le troisième mois consécutif.

Eurostat publie mercredi son estimation rapide pour l’inflation dans l’ensemble de la zone euro et les économistes anticipent une décélération à 1,2%, contre 1,4% en juin.

“Les consommateurs sont à la fête, les épargnants à la peine. Mario Draghi ne relèvera définitivement pas les taux d’intérêt durant son mandat”, commente Sebastian Wanke, économiste de KfW.

Mario Draghi quittera la présidence de la BCE le 31 octobre et l’actuelle directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, lui succèdera.

SOMBRE TABLEAU

Assombrissant encore le tableau, l’indicateur de sentiment économique au sein de la zone euro s’est à nouveau détérioré en juillet pour tomber à un plus de plus de trois ans, selon des données publiées mardi par la Commission européenne.

“Cela corrobore l’hypothèse (...) que l’économie de la zone euro va enregistrer une maigre croissance de l’ordre de 1% cette année, renforçant les arguments en faveur d’une action de la BCE le plus tôt possible”, note Melanie Debono de Capital Economics.

La croissance de l’économie française a ralenti à 0,2% sur la période avril-juin après +0,3% au trimestre précédent et +0,4% sur les trois derniers mois de 2018, selon la première estimation publiée par l’Insee.

Les économistes interrogés par Reuters attendaient en moyenne un PIB en hausse de 0,3% pour le deuxième trimestre.

L’économie française s’est montrée jusqu’à présent plus résiliente que celle de plusieurs de ses voisins, Allemagne et Italie en premier lieu, beaucoup plus dépendants de la demande étrangère.

Mais la consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance française, n’a progressé que de 0,2%, le rythme le plus faible en un an, laissant penser que les gains de pouvoir d’achat, liés notamment aux mesures de soutien décidées fin décembre par le gouvernement en réponse au mouvement des “Gilets jaunes” ont pour l’instant surtout alimenté une hausse du taux d’épargne.

CRAINTES DE RÉCESSION

L’Allemagne, dont l’économie devrait s’être contractée au deuxième trimestre, risque de ne pas enregistrer d’amélioration au troisième trimestre au vu des indicateurs de confiance et la première économie de la zone euro s’achemine vers une récession technique, définie comme deux trimestres consécutifs de contraction de l’activité.

L’indice GfK du moral des ménages, calculé à partir d’un échantillon d’environ 2.000 personnes, est tombé en juillet à 9,7, au plus bas depuis avril 2017, contre 9,8 le mois précédent.

Au fur et à mesure que les incertitudes liées aux tensions commerciales et au Brexit pénalisaient les exportateurs allemands, les dépenses des ménages et la construction ont pris une importance grandissante dans la dynamique de la croissance.

La demande interne est soutenue par un emploi au plus haut, des augmentations salariales supérieures à l’inflation et la faiblesse des coûts d’emprunt.

L’érosion continue de la confiance des consommateurs montre toutefois que les difficultés du secteur manufacturier très dépendant de l’export gagnent progressivement d’autres secteurs de l’économie dont les salariés craignent de perdre leur emploi.

“La guerre commerciale avec les Etats-Unis, les discussions toujours en cours sur le Brexit et le ralentissement de l’économie mondiale continuent d’alimenter les craintes de récession”, a commenté Rolf Bürkl, économiste de GfK.

Les consommateurs employés dans les secteurs très exportateurs comme l’automobile et ses sous-traitants sont particulièrement concernés, a-t-il poursuivi. L’intention de faire des achats, telle que mesurée par l’institut GfK, s’est aussi dégradée pour tomber à un plus bas de près de quatre ans.

“Ce qui mine principalement la confiance du consommateur, c’est la crainte persistante des pertes d’emplois”, a ajouté Rolf Bürkl, prévenant que les dépenses des ménages pourraient faiblir si ce recul de la confiance se poursuit.

 

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