Samedi 13 Juin 2015

Régime de change: Les supputations continuent

Analyse du Marché Boursier Marocain

Les dernières pondérations du panier du Dirham continuent à alimenter les tables-rondes. Bien qu’elles soient appréciées, elles restent insuffisantes aux yeux des opérateurs. En tout cas, les autorités demeurent attentives à un régime de change plus flexible.

Le système de change, tel qu’il est pratiqué actuellement, suscite encore le débat. Le dernier en date est la table-ronde organisée par l’Institut marocain des relations internationales (IMRI), avec pour invité Jean-Pierre Chauffour, économiste principal à la Banque mondiale. La question récurrente qui se pose est la suivante : quelles sont les limites du système de change actuel dans un contexte de plus en plus libéralisé et, surtout, quelles sont les opportunités d’un régime plus flexible?

 Pour rappel, en date du 13 avril 2015, le ministère de l’Economie et des Finances et Bank Al Maghrib ont décidé d’actualiser les pondérations des devises du panier de cotation du Dirham afin de refléter la structure actuelle des échanges extérieurs de notre pays. Les nouvelles pondérations sont désormais fixées à 60% pour l’Euro, et 40% pour le Dollar, contre respectivement 80% et 20% auparavant. Elles se veulent une actualisation du panier du Dirham et devraient constituer un premier pas dans le processus de transition vers un régime de change plus flexible visant à renforcer la compétitivité de notre économie et sa résilience face aux chocs exogènes. «Lors de ce changement, l’actualisation des pondérations du panier est sans impact sur la valeur du Dirham qui est globalement en ligne avec les fondamentaux de notre économie, comme en témoigne la dernière évaluation du FMI au titre de l’article IV pour l’année 2014», apprend-on dans un communiqué publié à l’occasion par le ministère des Finances. De l’avis des opérateurs, bien qu’elle soit insuffisante, cette mesure constitue néanmoins un premier pas dans la nouvelle politique de change.

 Jean-François Dauphin, chef de la mission du FMI, qui s’est rendu récemment au Maroc, a, à son tour, félicité la dernière pondération de la devise nationale, mais encourage les autorités monétaires à aller de l’avant et procéder à un assouplissement du régime de change afin d’exporter davantage et, partant, réduire le déficit de la balance commerciale.

 

Les ingrédients ne sont pas réunis

Interrogé sur les enjeux de cette mesure, J. Kerdoudi, président de l’IMRI explique : «Je pense que c’est une mesure positive que de changer la pondération des devises du panier des cotations du Dirham qui était de 80% à l’Euro et 20% au Dollar à respectivement 60% et 40%. En effet, cette deuxième pondération correspond mieux au commerce extérieur du Maroc du fait qu’environ 40% de notre commerce extérieur (importations et exportations) est libellé en dollars». Et d’ajouter: «De plus, la pondération de 80% à l’Euro, renchérissait le Dirham chaque fois que l’Euro augmentait par rapport au Dollar, et rendait nos exportations moins compétitives». Un problème épineux qui commence à tarauder sérieusement l’équipe gouvernementale, eu égard aux budgets alloués et à la multiplicité des organismes pour remédier au déficit chronique de la balance commerciale.

 Toutefois, il faut admettre que nos fondamentaux ne permettent pas encore une libéralisation totale des changes. Comme l’a si bien expliqué J. Kerdoudi, «Le système de change au Maroc n’est pas ibéré à 100%. Si les opérations du commerce extérieur sont libres, notamment vis-à-vis des importateurs qui peuvent obtenir des devises directement auprès de leurs banques, et que les investissements en Afrique sont libérés dans le respect d’un plafond, les transferts en capital ne sont pas permis». En effet, les autorités craignent qu’une libération totale de change ne soit suivie d’une fuite des capitaux préjudiciable à notre économie. Par ailleurs, une libération totale du Dirham pourrait entraîner une importante baisse de notre devise nationale par rapport aux monnaies étrangères, et donc renchérir les importations et le service de la dette.

 C’est pour cela que la politique du gouvernement et de Bank Al-Maghrib est prudente sur cette question. «Il est cependant annoncé que l’Office des changes est en train de préparer une nouvelle circulaire qui va apporter davantage d’assouplissement à notre système de change», rappelle J. Kerdoudi.

Un fait qui a été confirmé par l’ex-directeur de l’Office des changes J. Hamri «les textes régissant la réglementation de change sont très anciens et ont été élaborés pour la plupart en période de guerre». Il se trouve que, depuis, malgré tous les assouplissements et toutes les facilitations qui ont été accordés en matière de réglementation de change, les textes restent, malgré tout, très contraignants par rapport à la réalité économique.

 

Un vrai travail de simplification suit son cours aujourd’hui.

D’après le représentant de la Banque mondiale, si le régime de change fixe présente certains avantages, il n’empêche pas de dire qu’il est truffé d’inconvénients. Il cite comme avantages la prévisibilité et l’ancrage monétaire, la stabilité des prix. Aussi, évoque-t-il le fait qu’un tel régime favorise le commerce et les IDE, la réduction des risques de change et des coûts des transactions. En matière de points négatifs, il ait remarquer la perte potentielle d’autonomie monétaire, la difficulté de répondre aux chocs asymétriques, le risque de perte de compétitivité en fonction du différentiel de productivité et d’inflation. Pour J.P. Chauffour, l’efficacité ou l’inefficacité des régimes de change (fixe, flottant, ou intermédiaire) dépend du degré de convertibilité de la monnaie. C’est dire que la réglementation des changes et la mobilité des capitaux interviennent à plusieurs égards.

 

Source : Finances News Hebdo  

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