Jeudi 17 Aout 2017

Renégociation de l'ALENA: Le Mexique fourbit ses arguments

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Le Mexique a donné mercredi à ses principaux partenaires économiques la mesure de sa détermination à défendre ses acquis commerciaux lors du premier round de renégociation de l'accord de libre-échange nord-américain (ALENA), une tâche qui s'annonce "difficile" de l'aveu des trois parties à ce traité qui date de janvier 1994, à savoir le Canada, les Etats-Unis et le Mexique.

Au premier jour de ce round, entamé mercredi à Washington et qui se poursuivra jusqu'à dimanche, le négociateur en chef du Mexique, Ildefonso Guajardo, a indiqué lors d'une déclaration à la presse aux côtés de ses homologues canadien et américain que "le premier défi est de trouver un terrain d'entente entre les trois pays et ce sera sans aucun doute un processus difficile".

Le responsable mexicain a fait savoir que son pays aborde ses discussions avec une attitude constructive mais ferme en vue de parvenir avec ses partenaires économiques à un accord équilibré qui préserve les acquis et consolide la coopération au sein de cette entente commerciale, relevant que le Mexique s'est engagé "à obtenir un accord gagnant gagnant pour les trois pays".

L'équipe des négociateurs mexicains a su démontrer qu'elle, et son gouvernement, s'étaient bien préparés à cet exercice délicat qu'est la modernisation de l'ALENA, mais reste à voir s'ils sauront contenir les grandes ambitions économiques des Etats-Unis et du Canada lors de ces négociations forcées.

Enrôler tous les alliés possibles, y compris en provenance des partis de l'opposition, travailler assidûment le terrain en organisant des audiences publiques pour entendre les points de vues des acteurs concernés, consulter et faire participer les entreprises mexicaines à ce processus: le chef de la délégation des négociateurs mexicains veut montrer que son gouvernement n'avait rien négligé au cours des derniers jours en termes des préparatifs.

Le programme de la première série de réunions sera essentiellement administratif. Les parties essaieront de fusionner les textes proposés par chacune des trois parties, apprend-on de sources mexicaines.

Le Mexique entame la négociation de l'ALÉNA avec une position claire, préserver les acquis des accords en vigueur et renforcer les relations commerciales avec l'Amérique du Nord, a assuré le président de l'Association Mexicaine de l'Industrie d'automobiles (AMIA), Eduardo Solís Sánchez.

Sur un ton confiant, le représentant du secteur s'est dit optimiste quant à la capacité des négociateurs mexicains à défendre les intérêts du tissu économique national et la conclusion d'un accord générateur de valeur ajoutée. L'ALENA est un accord vital pour l'économie mexicaine. Actuellement 80 pc des exportations mexicaines sont destinées au marché américain.

Washington entend surtout mettre sur la table des négociations le problème du déséquilibre de sa balance commerciale avec le Mexique, qui, depuis la signature du traité, est passée d'un excédent de 1,6 milliard de dollars à un déficit de 64 milliards de dollars.

Pour Robert Holleyman, qui fut présentant adjoint au Commerce dans le gouvernement Obama, pour que les négociations réussissent, il faudra que les changements du traité correspondent à l'objectif de Donald Trump de réduire le déficit commercial des Etats-Unis avec le Mexique.

Un autre point qui pourrait cristalliser les tensions entre les deux partenaires: la révision du mécanisme de règlement des litiges commerciaux, à savoir l'article 19, qui permet d'arbitrer les différends en matière de droits compensateurs et de dumping. La délégation mexicaine s'inquiète surtout de l’intention des Américains d'éliminer cet article 19.

Le parlement mexicain a demandé en juillet au gouvernement de refuser toute suppression du chapitre 19 lors de la renégociation du Traité. Le gouvernement mexicain affiche le même objectif: renforcer les relations commerciales avec l'Amérique du Nord, avec plus de compétitivité.

Pour le directeur du centre de recherches sur les politiques d'investissement et du commerce, Carlo Dade, le Mexique et le Canada sont mieux placés que les États-Unis pour renégocier l'ALENA, étant donné qu'ils font partie également du Partenariat Trans-Pacifique (TPP), qui intègre les économies des régions Asie-Pacifique et Amérique.

L'expert explique que le Partenariat Trans-Pacifique "a encore des beaux jour devant lui même sans les Etats-Unis, qui n'ont pour le moment aucun autre espace de libre échange commercial que l'ALENA".

Parvenir à un équilibre entre la préservation des acquis et la conquête de nouveaux droits sera l'objectif principal de l'équipe des négociateurs mexicains pour défendre les intérêts de leur pays lors des discussions sur la renégociation de l'accord.

D'ici la fin de l'année, sept à neuf rounds de discussions seront organisés à tour de rôle dans les trois pays en vue de parvenir à un accord.

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