Mardi 21 Mai 2019

Les marchés émergents fourmillent d'opportunités, selon BlackRock

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PARIS (Reuters) - Les marchés émergents traînent une mauvaise réputation depuis plus d’une décennie mais offrent aujourd’hui une large palette d’opportunités aux investisseurs, qui devraient considérer cet univers avec un regard neuf, conseille-t-on chez BlackRock.

Ces marchés ont culminé en octobre 2007, alors que le marché américain grimpe depuis plus de 10 ans, avec un record absolu établi pour le S&P-500 il y a moins d’un mois, fait remarquer Sam Vecht, gérant fondamental au sein de l’équipe actions globales émergentes du numéro un mondial de la gestion d’actifs.

“Il ne faut pas regarder ce qui s’est passé en 2018 ou 2019 mais élargir le champ de vision pour prendre en compte le fait que depuis une décennie, les marchés émergents sont considérés comme peu attrayants et décevants”, dit-il à Reuters.

“Il y a un important décalage entre les marchés développés qui enchaînent les records depuis une décennie et les marchés émergents qui, en gros, ne sont allés nulle part pendant cette même période.”

Le peu de goût pour les actifs émergents vient d’une erreur d’appréciation des investisseurs qui se focalisent à tort sur le critère de la vitalité économique des différents pays, prolonge le gérant.

“La progression du PIB est une bonne mesure pour évaluer la richesse d’une économie mais pas nécessairement une promesse de richesse pour les investisseurs”, dit-il en relevant l’absence de corrélation sur le long terme entre croissance du PIB et performance de marché.

“La règle d’or sur les marchés émergents est d’acheter des actions et des devises pas chères plutôt que de la croissance rapide”, dit-il.

DES MARCHÉS “PLUTÔT PAS CHERS”

En appliquant cette formule, les marchés émergents sont aujourd’hui intéressants, après avoir fortement baissé fin 2018 et pratiquement effacé ces dernières semaines leurs gains du début d’année, fait-il valoir.

“Les marchés sont, dans l’ensemble, plutôt pas chers, comme les devises, les politiques ne sont pas particulièrement préoccupantes (...) et la manière dont les entreprises sont gérées non plus”.

Les tensions commerciales n’ont rien d’insignifiant mais la question va traîner en longueur avant qu’une issue se dessine, qu’elle soit positive ou négative, selon Sam Vecht.

“L’histoire de l’année dernière, c’était la vigueur du dollar et la montée des taux américains”, dit-il. “L’histoire de cette année, ce sont les tensions commerciales et dans six mois, ce sera quelque chose d’autre qui sera considéré comme le facteur critique.”

Partisan de l’investissement à long terme, le gérant de BlackRock ne voit pas non plus la croissance chinoise atterrir brutalement dans l’immédiat, les autorités chinoises disposant selon lui des outils appropriés pour maîtriser son ralentissement.

“Le marché pense que ce qui se passe en Chine est tantôt fantastique, tantôt catastrophique mais la réalité est plus ennuyeuse et se situe quelque part entre les deux”, dit-il.

Des risques existent dans certains pays, notamment en Turquie, certains marchés sont chers, comme l’Arabie saoudite ou encore le Qatar, et la Corée du Sud paraît se diriger vers une récession, même si ses exportateurs se comportent plutôt bien, énumère le gérant, pour qui le tableau d’ensemble n’a cependant rien d’inquiétant.

LE RISQUE VIENT DE L’EXTÉRIEUR

“Je ne suis pas considéré comme systématiquement haussier sur les marchés émergents et pendant la majeure partie des 20 dernières années, j’ai dit à mes clients d’éviter certaines parties des marchés émergents, voire la totalité”, dit-il.

“Mais en réalité, la grande majorité des pays offrent maintenant de vraies opportunités, ce qui a très rarement été le cas depuis 10 ans.”

Le risque majeur pour les marchés émergents ne vient pas d’eux-mêmes mais plutôt d’un retournement des marchés développés, clairement entrés en fin de cycle avec des valorisations parfois tendues, ajoute Sam Vecht.

“Il est difficile d’imaginer les marchés émergents monter en cas de forts mouvements vendeurs sur les marchés développés”, dit-il avant de préciser ne pas privilégier un tel scénario.

“Si les marchés mondiaux restent à la hausse, vous pouvez acheter les marchés émergents”, dit-il.

Plus robustes que naguère, les actifs émergents pourraient même résister à une baisse modérée de leurs homologues développés, estime-t-il.

“On a vu l’an dernier, lorsqu’il y a eu une correction assez sévère sur les marchés mondiaux, certains marchés émergents que l’on croyait particulièrement vulnérables s’en sortir plutôt bien”, dit-il en notant que les banques grecques montaient en octobre dernier alors que le S&P baissait fortement, un fait qu’il qualifie d’anecdotique mais significatif.

“Ma position sur la situation pour les marchés émergents est que si les marchés mondiaux demeurent haussiers, et c’est une condition importante, je pense que nous aurons vraiment une amélioration significative, particulièrement après la correction que nous venons d’avoir”, résume le gérant de BlackRock.

 

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